Cette page aborde quelques techniques permettant d'effectuer des modifications simples à l'accord d'une flûte à bec.
Il va sans dire qu'il faut savoir ce que l'on fait pour aborder ce genre de tâche. En cas de doute s'abstenir et s'adresser à un spécialiste.
Pour modifier la hauteur d'une note il faut modifier soit la position soit le diamètre du trou correspondant.
Le choix de l'une ou l'autre technique dépend principalement de la note à corriger et de la justesse d'autres notes pouvant dépendre du même trou.
En effet, la plupart des trous de la flûte à bec ont une influence sur la justesse de plusieurs notes, puisque l'instrument a une étendue chromatique de plus de deux octaves avec huit trous seulement. Les principes à appliquer sont les suivants.
En effectuant une correction sur une note il est donc indispensable de surveiller en même temps l'accord de toutes les notes dépendant du même trou. Celles-ci sont indiquées dans le tableau ci-dessous.
Pour déplacer un trou vers le haut, il suffit souvent de le tailler un peu du côté ou l'on voudrait le "bouger", en le refermant éventuellement avec un peu de cire d'abeille de l'autre côté. Pour l'agrandir sans le déplacer, il faut le tailler tout autour.
Pour tailler un trou, l'outil qui comporte le moins de risque est une lime ronde "bâtarde". Une lime trop fine serait inefficace sur le bois. Travailler en biais, pour "soucouper" le trou vers l'intérieur de la perce. Limez en descendant vers l'intérieur du trou plutôt qu'en sortant et en exerçant une pression suffisante. Ne faites pas de gestes brusques. Il faut éviter que l'outil ne sorte du trou et marque l'extérieur de l'instrument
|
|
le travail au canif |
Toutefois, les facteurs de flûte à bec utilisent la plupart du temps un canif très fin pour faire ce travail,
mais son utilisation demande un apprentissage. Une lame de 3 mm à double biseau convient parfaitement. Il faut travailler séparément le haut et le bas du trou en commençant d'un côté pour aller vers l'autre, et s'arrêter avant que la lame se ne trouve parallèle aux fibres du bois, car alors elle fend le bois au lieu de le couper. Ce mouvement circulaire de l'outil est facilité par un manche rond que l'on peut faire tourner pendant le travail. |
le canif à accorder |
comment travailler autour d'un trou |
Terminez en nettoyant le trou avec de petits rouleaux de papier abrasif de plus en plus fins (grains 240, 320, 400).
Pour refermer un trou il faut y couler de la cire. La cire d'abeille convient bien. Utilisez un petite tige métallique, comme le manche d'une lime-aiguille. Chauffez-le à l'aide d'une flamme puis posez-le sur la cire pour la faire fondre et en ramasser une petite goutte que vous poserez aussitôt à l'intérieur du trou à l'endroit voulu. Elle se durcira au contact du bois. Utiliser le même outil pour l'étaler convenablement dans le "soucoupage".
1 |
2 |
la pose d'une goutte de cire à l'intérieur d'un trou (1), que l'on répartit ensuite dans le "soucoupage" (2).
Exemples pratiques :
Les trous sont numérotés de 0 (le trou de pouce) à 8 (le pavillon).
Les indications qui suivent correspondent à une flûte à bec alto de type baroque en fa. Il convient de les adapter aux autres instruments. Les noms de notes portent un chiffre correspondant à leur position dans la tessiture : fa1 est la note fondamentale, fa2 est le fa médium, fa3 le fa aigu, et ainsi de suite.
Note à corriger | Trou à retoucher |
Autre notes influencées par le même trou (à surveiller) |
fa1 | 8 (pavillon) | mib2, mi2, fa3 |
fa#1 | 7 (double trou éloigné) | mib2, mi2, fa3 |
sol1 | 7 | mib2, mi2, fa3 |
sol#1 | 6 (double trou éloigné) | la1, la2, mi2, fa3 |
la1 | 6 | la2, mi2, fa3 |
sib1 | 5 | sib2 |
si1 | 4 | do1, si2, do2 |
do1 | 4 | si1, do2, si2 |
do#1 | 3 | do#2, ré1, ré2 |
ré1 | 3 | ré2, do#1, do#2 |
mib1 | 2 | mi1, fa3 |
mi1 | 2 | mib1, fa3 |
fa2 | 1 | sol2 |
fa#2 | 0 (côté pavillon) | sol2 |
sol2 | 0 (côté embouchure) | fa#2 |
sol#2 | 0, 7 |
fa#2, sol2 (0)
sol1, mib2, mi2, fa3 (7) |
la2 | 6 | la1, mi2, fa3 |
sib2 | 5 | sib1 |
si2 | 4 | do1, si1, do2 |
do2 | 4 | si1, do1, si2 |
do#2 | 3 | do#1, ré1, ré2 |
ré2 | 3 | ré1, do# 1, do#2 |
mib2 | 7, 8 |
sol1, mi2, fa3 (7) fa1, mi2, fa3 (8) |
mi2 | 6, 7, 8 |
la1, la2, fa3 (6) sol1, mib2, fa3 (7) fa1, mib2, fa3 (8) |
fa 3 | 2, 6, 7, 8 |
mi1 (2) la1, la2, mi2 (6) sol1, mib2, mi2 (7) fa1, mib2, mi2 (8) |
Les notes du suraigu ne peuvent pas être accordées facilement
Il y une possibilité d'action sur la perce d'une flûte à bec pour corriger certaines octaves. Déposer un peu de cire à l'intérieur du tuyau, à mi-chemin entre l'embouchure et le trou qui commande la note en question a pour effet de diminuer l'octave. Pour élargir l'octave il faut déposer de la cire à proximité de ce trou.
Ce principe ne s'applique pas aux notes suivantes : mib2, mi2, fa3 et sol3, ni aux notes fa2, fa#2 et sol2, qui appartiennent au 1er registre (fondamental) de la flûte.
Voici les endroits où il est possible d'élargir une octave en déposant de la cire dans la perce :
1 = ré 2=do 3=sib 4=la
Voici les endroits où il est possible de rétrécir une octave en déposant de la cire dans la perce :
1 = ré 2=do 3=sib 4=la
Mib2, mi2 et fa3 peuvent parfois être relevés en mettant de la cire dans le haut de la perce du pied, mais il faut vérifier les éventuels effets négatifs de cette intervention sur d'autres notes.
= les endroits où l'on peut déposer de la cire pour faire remonter mib, mi et fa aigus
Etant donné que la cire peut être enlevée facilement, il est possible de revenir en arrière en cas d'erreur, mais il vaut mieux expérimenter d'abord avec un peu de pâte à modeler. Il faut évidemment vérifier s'il n'y a pas d'effet négatif sur d'autres notes, car cette action peut avoir une influence non seulement sur leur accord, mais aussi sur leurs attaques et leur stabilité.