Dans son traité, la Fontegara Silvestro Ganassi présente trois tablatures de notes aiguës dépassant la tessiture normale des flûtes à bec de son époque (une octave et une sixte). Elles correspondant à 3 instruments différents, identifiés par leur poinçon de facteur, pour lesquels il a cherché de nouveaux doigtés.
Dans ces tableaux = fuite ou trou entrouvert.
Une présentation colorée permet de mieux interpréter ces trois tablatures. Ici chaque note est représentée par une couleur différente. Cela permet de repérer les variantes et les notes manquantes dans chaque tablature, c'est à dire sur chacun des trois instruments sur lesquels Ganassi a fait ses essais. En principe, ces doigtés utilisent le 2e registre jusqu'en haut de la 2e octave, puis passent directement au 4e registre pour des notes plus aiguës. Cependant il y a des exceptions qui sont repérées dans le troisème tableau ci-dessous.
Pour des explications sur les registres voir la pages sur le fonctionnement de la flûte à bec
Dans l'image ci-dessous les notes et les doigtés ont été extraits des trois tablatures et regroupés afin d'afiner cette analyse en faisant mieux ressortir les variantes et les notes manquantes sur chaque flûte, identifiée par sa marque de facteur.
Deux des notes aiguës des tablatures de Ganassi semblent appartenir au 3e registre, ce qui est inhabituel pour des flûtes à bec de la première moitié du XVIe siècle.. Elles sont colorées dans le tableau suivant.
le doigté donné par Ganassi, souvent trop haut
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Le 3e doigté de chacune de ces tablatures (à gauche), devrait donner un sol aigu sur une alto en sol, ou un do aigu sur un instrument en ut, mais il sonne généralement trop haut sur les flûtes "Ganassi" modernes.
Il peut être corrigé en fermant complètement le trou de pouce et en laissant une fuite au trou n° 6 (à droite). L'un comme l'autre appartiennent au 4e registre. |
un doigté alternatif, plus juste
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le doigté de Ganassi
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Le 2e doigté de chaque tablature (à gauche) est presque le même que celui donné en 1646 par Blankenburgh (à droite) pour le si aigu de la flûte soprano. Il s'agit dans les deux cas de notes du 2e registre. |
le doigté équivalent de Blankenburgh pour le si aigu |
SAM 135 © khm |
Les tablatures des notes aiguës de Ganassi ne correspondent pas à un profil de perce unique, puisqu'elles concernent trois instruments de facture différente. En réalité quelques unes de ces notes peuvent se jouer sur plusieurs flûtes à bec originales du 16e siècle. Il est intéressant de noter que ces doigtés sont inutilisables sur la fameuse flûte alto en sol n° SAM 135 du Kunsthistorischesmuseum de Vienne, dont sont pourtant inspirées la plupart des flûtes "Ganassi" modernes. Sa tessiture est d'une octave et d'une sixte seulement, et on pense aujourd'hui qu'il s'agit plutôt d'une flûte de "consort". Cliquer ici ou sur l'image à gauche pour d'autres renseignements sur cet instrument Ces tablatures ont sans doute un caractère plutôt expérimental que musical. En effet, le sol aigu n'est employé que 6 fois dans tous les exercices contenus dans La Fontegara, et le la aigu 2 fois seulement. Les autres notes de la troisième octave n'y figurent pas du tout, ce qui pourrait laisser entendre que Ganassi les considérait comme difficilement utilisables dans un contexte musical. |